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Syndrome du canal carpien

Le syndrome du canal carpien est une pathologie qui n’est professionnelle que dans un nombre assez limité de cas. La prévention et l’amélioration des conditions de travail sont indispensables pour éviter l’aggravation de pathologies dont l’origine n’est pas professionnelle.

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Le syndrome du canal carpien est dû à une pression du nerf médian qui est piégé dans ce tunnel, formé par le ligament carpien transverse sur la face ventrale, qui est rigide, et les os du carpe sur la face dorsale.

Cette pathologie affecte les travailleurs de tous âges, mais plus fréquemment les femmes. La grossesse, l’âge et l’obésité augmentent le risque. Les symptômes peuvent apparaître après une blessure, comme un coup direct sur le poignet en dorsiflexion ou une fracture de Pouteau-Colles. La polyarthrite rhumatoïde, qui cause une inflammation de la gaine des tendons fléchisseurs, est un exemple de lésion qui va empiéter sur cet espace. Quelques rares patients hypothyroïdiens avec un myxoedème de cette région présentent un risque de symptomatologie bilatérale.

Si les causes de la maladie sont souvent inconnues, il est clair que des préhensions répétées ou en force soutenue, ou bien des mouvements répétés du poignet et des doigts lors de gestes professionnels, sont associés au syndrome du canal carpien. Certains patients constatent que des mouvements de frappe du clavier, en particulier avec le poignet en extension ou l’avant-bras en pronation complète, aggravent leur symptomatologie.

1. Clinique

En l’absence de blessure aiguë, les patients peuvent développer des paresthésies du nerf médian qui s’étendent graduellement et spontanément à la face ventrale du pouce, à l’index et au majeur, ainsi qu’à la moitié radiale de l’annulaire.

Avec la progression du syndrome, les patients peuvent être réveillés la nuit par la douleur à type de picotement, de brûlure ou d’engourdissement de cette partie de la main. Ils tendent à se lever et à masser cette région, ou à bouger les doigts et le poignet. Les symptômes peuvent aussi faire leur apparition lors de la conduite ou d’une préhension soutenue. L’absence de traitement peut conduire à un dommage permanent du nerf médian, entraînant un déficit sensitif et moteur.

Même chez les patients vus précocement, une perte de la sensibilité (2 points de discrimination à 4 mm) ou une atrophie musculaire peuvent perdurer. La flexion du poignet pendant 60 s (signe de Phalen) ou la pression directe avec le pouce sur le canal carpien réveillent la symptomatologie. Le marteau à réflexe sur la face ventrale du poignet (signe de Tinel) produit des paresthésies des doigts. Il peut y avoir une diminution de la force du court abducteur du pouce.

2. Diagnostic différentiel

Les compressions proximales comme les radiculopthies cervicales (C5, C6, C7) ou le syndrome du rond pronateur doivent être distinguées des compressions du nerf médian qui sont distales.

3. Imagerie et exploration fonctionnelle

L’imagerie n’est pas nécessaire. L’électromyogramme (EMG), en revanche, permet de confirmer le diagnostic et d’évaluer sa gravité en mesurant la vitesse de conduction.

4. Prévention

L’évitement de gestes professionnels favorisant le syndrome du canal carpien est un bon principe. Il existe plusieurs outils à disposition comme des tournevis électriques par exemple. Cependant, c’est l’analyse de l’ensemble de l’activité au poste de travail sur des bases ergonomiques qui permet un aménagement optimisé. Le travail sur clavier informatique, par exemple, dépend aussi de la hauteur du plan de travail, des positions des poignets, du rythme de frappe, de l’usage de la souris, de la hauteur de l’écran, de la hauteur du siège, du repose-pied, de l’éclairage, du temps de travail… bref, il est illusoire de penser qu’un seul outil règle tous les problèmes.

5. Réparation

Le syndrome du canal carpien est inscrit au tableau 57 des maladies professionnelles du régime général. C’est aussi le cas pour le nerf cubital dans le syndrome de la loge de Guyon. Le délai de prise en charge est de 30 jours.

Mais il existe une liste limitative de travaux comportant de façon habituelle, soit des mouvements répétés ou prolongés d’extension du poignet ou de préhension de la main, soit un appui carpien, soit une pression prolongée ou répétée sur le talon de la main.
 

Philippe Casanova

Médecin spécialiste en médecine du travail et médecine légale.